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19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 14:05
C’est ce matin que je dois présenter ma communication au colloque. Les organisateurs m’ont fait l’honneur de me choisir pour coordonner l’atelier de ce samedi. Le thème en est « les TIC dans l’enseignement du FLE ». Pour ne pas risquer de difficultés techniques, nous avons amené de Toulouse notre propre vidéo-projecteur. Les cafouillages de nos collègues de jeudi matin m’on conforté dans mon attitude prudente. Aussi, après un copieux petit déjeuner au Gaudeamus, l’hôtel universitaire où nous logeons, me voici parti au Centre Culturel Français avec le vidéo-projecteur à l’épaule, et mon ordinateur sur le dos. Evidemment, j’arrive avec beaucoup d’avance, comme j’en ai l’habitude. Cela me rassure et me permet de m’approprier l’espace. J’installe le vidéo et mon portable. Je prépare les réglages, taille de l’image, recul idéal du vidéo, le son aussi puisque je dois présenter le démontage d’un film.

Ruxandra arrive la première. Elle est aussi inquiète que moi et veut vérifier que sa clef USB est bien lisible sur l’ordinateur de service. Tout est OK. Les étudiants arrivent ensuite, puis les autres orateurs.

Je ne connais pas le contenu des présentations de ce matin. Je vais les découvrir en même temps que les autres participants. Ruxandra me propose de commencer. Je présente un travail longuement expérimenté dans le cadre scolaire et qui a pu arriver à maturité grâce aux outils TIC. Il s’agit d’une méthode de lecture de film. J’ai appris à lire les films il y a bien longtemps à l’université avec Mme Hébreau qui nous apprenait à lire des films à la Cave Poésie de Toulouse. Mais cela demandait une bonne dose d’abstraction, et c’est dans sa tête que l’on visualisait le montage. Ce que je propose, c’est un dé-montage du film en utilisant un outil de montage pour explorer le film plan par plan, image par image. Ainsi, plutôt que d’apprendre des « trucs » que l’on imagine, on peut les voir, les schématiser et mieux comprendre le fonctionnement de l’effet. Cela n’apporte rien de révolutionnaire au niveau de l’analyse scientifique, mais c’est un outil pédagogique d’une grande valeur car il met les phénomènes du montage à la portée de plus de monde. On peut plus facilement faire comprendre à des élèves comment on fabrique un film, c’est à dire des émotions… Et cela, c’est une grande victoire pédagogique…

Ruxandra trouve que je traîne trop. Au bout d’un moment, elle me fait des signes pour me presser. Elle craint que je mange le temps des autres. Alors j’essaie d’eller plus vite. Mais je ne veux pas dénaturer ma communication. Enfin, je réussis à Conclure. Ruxandra prend la parole après moi. Elle maitrise bien mieux que moi le minutage de sa communication qui est d’une grande rigueur.

Je ne parlerai pas du contenu des interventions, ce n’est pas là le lieu et je craindrai trop de les caricaturer. On se reportera pour cela aux actes du Colloque.

(http://www.ceco-fipf.eu/static_article.php3?id_article=736&id_rubrique=17 )
Ana Maria termine la présentation de ce matin. Jeune enseignante roumaine, elle explique les difficultés qu’elle peut rencontrer en pratique et explique les méthodes qu’elle utilise et qui s’appuient sur les TIC.

A la fin de la séance je la retrouve devant la porte du centre culturel français en grand débat avec Ruxandra. Je m’immisce dans la discussion. Nous décidons de la prolonger autour d’une table car il est déjà près de 13 heures et nous sommes affamés. Elles m’amènent dans un restaurant libanais où nous confrontons avec passion nos conceptions de la pédagogie, et comparons les situations de l’école en France et en Roumanie. De mon côté, ce que j’aspire à comprendre, c’est comment fonctionne ce pays où je viens pour la première fois. Il est symbolique dans mon esprit de la diversité européenne. Dernier pays à être rentré dans l’Union alors que la France fait partie des six pays fondateur, la Roumanie, dans mon esprit, est chargée d’idées reçues. Mais n’y a-t-il rien de vrai dans ces idées ? La longue proximité avec l’empire Ottoman, dans le passé, la grande distance qui la sépare de la France et en fait une proche voisine des pays slaves. Et puis la longue période du communisme. Elle m’intéresse aussi cette période puisque la France a connu la tentation communiste. En 1945, un français sur trois vote communiste et met beaucoup d’espoirs dans le communisme soviétique. Dans les années 70, un français sur quatre soutient le parti communiste et, à cette époque là, la Roumanie fait rêver car elle symbolise un communisme sympathique et libéral grâce à la propagande de Ceausescu. On sait ce qu’il faudra en penser lorsque le vérité se fera jour petit à petit jusqu’aux révélations lors de la révolution.

Cet après-midi de samedi, ces choses là sont dans ma tête, mais j’ai du mal à les aborder. Nous parlons de beaucoup de choses sans toucher directement mes questions interdites. Après notre repas, Ana-Maria me fait visiter la ville. Je lui ai dit que je cherchais quelques cadeaux typiques à ramener de mon voyage à mes proches. Nous allons par les rues. Elle s’arrête et me montre un dispensaire. Elle me laisse le temps de le voir. Devant le dispensaire, il y a une pauvre femme épuisée assise sur la murette. Un chien est couché à ses pieds. Elle a une canne mal dégrossie qui doit l’aider dans sa marche. Je prend une photographie à la sauvette. J’ai toujours eu du mal à voler l’image des gens dans les rues. Je prends une deuxième photo. Puis, je dis à Ana-Maria que nous pouvons continuer. Elle m’entraine vers le centre ville. Nous allons lentement pour me laisser le temps de bien voir et de prendre les photos que je veux. Ana-Maria est un guide parfait. Sans rien dire, je comprends qu’elle me fait m’enfoncer dans les tréfonds de sa ville tout en restant dans le centre. Elle ralentit sans que j’ai rien à lui demander chaque fois qu’elle sent que quelque chose attire mon regard. Elle me laisse tout le temps qu’il me faut pour prendre des photos sans que j’ai à dire quoi que se soit, elle anticipe même. Nous allons de rue en rue, La grand rue reste proche, mais nous empruntons les rues parallèles et les rues traversières. La vrai ville. La vrai Roumanie. Avec la pauvreté qui la marque encore comme les stigmates d’une ancienne maladie. A un moment, nous sommes dans la rue principale. Je vois venir vers nous trois femmes rRom. Elles sont exubérantes, rient fort. Je prends quelques photos, elles se dirigent vers moi, mais elles n’ont pas le temps d’approcher, des policiers leur demandent je ne sais quoi. Nous continuons à cheminer, regagnons les rues adjacentes, revenons vers les rues centrales. Ana-Maria cherche un magasin d’artisanat typique, mais nous n’avons pas de chance. Tout est fermé. C’est que l’on est samedi et le week-end semble avoir déjà jeté une certaine torpeur sur les commerces de la ville. Nous nous engageons dans un quartier résidentiel fait de barres d’immeubles de béton. Chez nous, cela ressemblerait aux quartiers populaires des années 60. Il y a quelques boutiques au niveau de la rue, mais elles sont toutes fermées. Finalement, nous passons devant une sorte de kiosque au pied d’un immeuble où je peux acheter quelques bricoles locales, cendrier décoré, pipeau de roseau, œufs peints. Cela fera quelques cadeaux souvenirs à distribuer à mon retour. Ana-Maria me conseille discrètement pour que j’évite de révéler mon mauvais goût. Elle me conseille ce qui est le plus typique.

Puis nous repartons par les rues traversières. Parfois, la discontinuité des façades révèle dans une arrière cour la vie quotidienne du peuple de Iasi. Ana-Maria est un guide précieux qui connaît bien sa ville. Nous marchons ainsi longuement dans la ville. Plusieurs heures. La fin de la journée est proche. Il va falloir se quitter. Ana-Maria repart vers sa maison qui doit se trouver dans un quartier excentré comme celle de Ruxandra, je rejoins mon hôtel au centre ville.
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