Réveil à 7h30 locale. Petit déjeuner au Gaudeamus. Un véritable repas. Assiette de charcuteries, fromages, tronçons de poivron, œuf mollet, pain, confiture, tisane au goût de fruit, yaourt (ou lait aigre ? Je ne sais trop ce que c’était…) et café… Nous voilà repus pour la journée… Dans 5 minutes, je redescends pour notre rendez-vous avec Constantin qui doit nous faire visiter des écoles primaires. Je vais partir léger. Appareil photo (sait-on jamais !) et iPad pour des notes éventuelles…
21h, je reviens à peine à l’hôtel près une bien longue journée de travail… Reprenons tout dans l’ordre… Tout d’abord, ce matin, visites de deux écoles. Ici, les écoles primaires sont regroupées avec le gymnasium, un mot venu de l’allemand et qui désigne l’enseignement qui correspond chez nous au collège. On a ajouté à cette formation de 6 à 15 ans un ancien « Jardin d’enfant » devenu école maternelle avec la réforme de l’enseignement issue de la Révolution.. Cela fait des écoles avec beaucoup d’élèves. Plus d’un millier dans chacune de celles que j’ai visité ce matin. Dans les deux cas, nous avons été reçus royalement. On nous attendait avec café et petits gâteaux avant de nous faire visiter les lieux, rencontrer quelques classes et enfin rencontrer l’équipe enseignante pour poser nos questions… Il faut dire que Constantin est un sésame merveilleux dans toutes les écoles de la région de Iasi. Il a formé tellement d’enseignants qu’il y a toujours quelques anciens élèves pour venir accueillir l’ancien maître !!!
Dans la première école, nous sommes reçus par la directrice et son adjointe qui parle le français. Toutes deux, bien qu’assumant une lourde charge de direction dans une école de plus de mille élèves garde une charge d’enseignement. La directrice adjointe, enseignante en géographie, doit 8h hebdomadaires, et la directrice, enseignante d’histoire, en doit 6. C’est la directrice adjointe qui nous fait visiter l’école. Et tout d’abord, une classe préparatoire. Tiens, l’enseignante est une ancienne étudiante de Constantin ! Première surprise, les enfants semblent en uniforme, les garçons, en particulier sont tous vêtus d’un costume trois pièces noir et portent la cravate. Pour les filles, robe bleu marine et chemisier blanc. Je poserai la question plus tard et on me dira qu’il n’y a pas réellement d’uniforme, mais que les écoles conseillent aux parents un code vestimentaire. Les petits le respectent souvent, les plus grands le respectent moins. Normal pour des ados !!! Ici, les petits garçons habillés comme des banquiers sont étonnants. Dans l’autre école, la principale demande porte sur l’écusson de l’école.
Les élèves apprennent les bases de l’écriture. La maitresse projette le polycopié sur le tableau blanc et les élèves qui le demandent vont écrire sur le tableau les réponses. Cela ressemble un peu au TBI, mais avec des moyens plus réduits, et, somme toute, tout à fait suffisants. Les élèves sont studieux, attentifs, ils se concentrent sur leur travail. Je demande à prendre quelques photos et on m’autorise à le faire. Cette première rencontre est très impressionnante. Mais c’est la fin de l’heure et les élèves sortent pour la récréation. Nous rejoignons donc l’équipe en salle des profs où l’on nous présente et où nous nous prêtons à l’échange de questions. J’échange en particulier quelques propos avec l’enseignante de religion qui est entre autre docteur en théologie. Notre collègue Jacques M. est étonné par cet enseignement. Il apprend que la France est un des rares pays où l’enseignement religieux ne soit pas au programme. C’est que les pays laïques sont rares sur la carte du monde !!!
Nous visitons ensuite la cours de récréation à nouveau vide après la reprise des cours, puis le gymnase. Il n’est pas en excellent état et a besoin de travaux, mais il est là et une classe est en train d’y travailler.
Visite passionnante que nous devons hélas écourter car on nous attend dans une autre école, assez semblable par sa taille et son public, là aussi de la maternelle à la fin du collège.
Encore une fois nous sommes accueillis royalement. Il est vrai que le directeur est un vieil ami de Constantin. Son bureau est juste près du hall d’entrée et il nous accueille à bras ouverts, c’est le cas de le dire, puisqu’il nous embrasse tous les trois. Lui aussi a prévu une petite collation. Et pour tout dire, pas si petite que cela puisque outre le café, il a fait préparer une pleine table de pâtisseries locales, gâteaux au fromage, à la confiture ou au chocolat. Délicieux et d’un goût que je ne me souviens pas avoir déjà rencontré. On est vraiment au cœur de la véritable Roumanie… Nous parlons de l’école et le directeur nous montre les trophées qui font sa fierté : l’école dispense un enseignement optionnel d’échec et les élèves ont remporté de nombreuses compétitions. On sent chez lui comme chez tous les enseignants que nous avons rencontrés un grand amour pour leur métier. L’enseignante de français arrive. C’est elle qui nous fera visiter. Nous entrons dans la zone reservée à l’enseignement. Sur la gauche, assis à une table, ‘élève de service. Chaque jour, un élève est dispensé de cours pour assurer le service du couloir et noter toutes les personnes qui y transitent, hors les récréations évidemment. Notre hôtesse nous amène tout d’abord dans la classe de la seconde année d’école primaire. Tiens, surprise, encore une ancienne étudiante de Constantin… Elle était en train d’assurer un cours de musique. On nous présente aux élèves, ceux qui connaissent quelques mots de français nous saluent dans notre langue et nous les félicitons pour leurs connaissances. Il y a sur le bureau de l’institutrice un étrange boitier. Comme nous sommes de dos, nous ne distinguons pas bien ce que c’est. Nous aurons le fin mot de la choses dans la classe suivante, la classe d’informatique, une salle équipée d’ordinateurs ou nous retrouvons aussi la même curieuse boite. Il s’agit d’un ordinateur dédié à la gestion de la classe et des élèves.
Il y a dans cette école un enseignement spécifique d’informatique dispensé par une enseignante d’informatique assistée d’une technicienne. Aujourd’hui, elle fait travailler sa classe sur un outil de présentation, PowerPoint. Cette enseignante va hélas quitter l’école, et on nous apprend qu’il va être très difficile de la remplacer. C’est qu’elle a cédé aux sirènes d’une multinationale, comme le font la plupart des informaticiens roumains. Son salaire sera plus que doublé, car actuellement elle gagne ce que gagnent les jeunes enseignants roumains, environ 200 euros mensuels. En fin de carrière, elle peut espérer gagner le double, et c’est une misère… Les enseignants, ici, doivent avoir la vocation… Ils gagnent moins que le personnel de service…
Ils doivent tous 18h hebdomadaire de cours et les classes comptent une trentaine d’élèves. Mais la question du salaire est un vrai problème surtout quand on sait que le coût de la vie est ici à peine inférieur à celui de la France…
Ici aussi, nous rencontrons les enseignants dans la salle de professeurs et visitons les locaux. Le gymnase est plus fringuant que celui que nous avons vu dans la première école. C’est qu’on y a fait des travaux il y a peu… Retour au bureau du directeur qui nous offre un bouquet de primevères qu’il vient de cueillir dans le jardin de l’école, son assistante prépare un grand sac en plastique pour nous offrir les pâtisseries que nous n’avons pu terminer tant il y en avait. Effusions, invitations, le directeur nous répète qu’il est prêt à accueillir les étudiants français que nous pourrions lui envoyer. Il va décidément falloir que je me fasse encore plus convainquant auprès de nos étudiants tant on sent qu’ils pourraient faire ici un stage passionnant…
Mais il est pas loin de 14 heures et Ruxandra, l’épouse de Constantin, doit nous attendre impatiemment pour le repas de midi que nous devons prendre avec elle dans un restaurant traditionnel du Parc de la ville. On y mangera, nous a dit Constantin, des nourritures typiquement roumaines… Replongée dans la ville et sa circulation relativement anarchique, petites rues, grandes artères, arrivée devant le parc. Au milieu, un grand carré dont les côtés forment plusieurs restaurants. En été, on mange en terrasse, mais aujourd’hui, il fait assez frais, et j’ai un peu froid car sous ma veste de toile, je n’ai qu’une chemise. Si l’on porte plus de vêtements, on étouffe dans les immeubles surchauffés. Mais dehors, on supporterait un manteau. Je l’ai hélas laissé à l’hôtel… Ruxandra n’est pas encore arrivée. Elle connaît bien Constantin et sait que nous avons passé plus de temps que prévu dans les écoles que nous avons visité. Nous nous installons donc et jetons un coup d’œil à la carte. Difficile à déchiffrer, car tout est en roumain et la description des plats nous échappe. Constantin commence alors un cours de cuisine roumaine. Il nous explique ce qu’est le bortsch et les diverses variétés. Nous avons un peu de mal à ne pas nous embrouiller dans les finesses de tout cela qui est bien loin de nos habitudes. Ruxandra arrive. Le garçon aussi. Mais devant notre ignorance, Constantin prend les choses en main. Il discute longuement avec le garçon qui repart. Nous sommes rassurés de ne pas avoir à prendre de décision.
Hélas pour moi, Constantin a commandé d’abord un alcool de prune qui est servi avec une demi tranche de citron posée sur le petit verre. Prudent, je décide d’offrir ma part à celui qui la voudra. On nous porte aussi des petits pains chauds. Ils sont délicieux. Et de grand plats avec diverses nourritures.
Constantin, pour nous faire goûter aux mets roumains a choisi des plats composés un peu comme les tapas espagnoles. Nous prenons des parts dans chacun des plats. Il y a un caviar d’aubergine, une purée de haricots très forte en aïl. Normal, au pays de Dracula ! Nous voilà parés pour y résister. Tout est délicieux. Ensuite un grand plat avec des saucisses fumées, de la viande de brebis, agrémentée de légumes au sel (cornichons énormes, pastèque, choux…) et d’une sorte de bouillie de maïs. Pour le coup, nous sommes dépaysés et découvrons des saveurs inconnues. Tout cela est très bon. Nous picorons de tout sur ces grands plats couverts de victuailles. J’étais déjà venu en Roumanie, mais je n’avais jamais mangé si roumain !
Après ces agapes, Constantin nous propose un peu de tourisme. Tour de ville et visite du monastère qui surplombe la ville. J’avais déjà vu une bonne partie de cela lors de ma visite de 2008.
Je ne raconterai pas en détails cette visite car elle recoupe pour les éléments les plus importants celle que j’avais faite en 2008, et en particulier pour le point de vue depuis le grand pont routier et pour la visite du monastère royal qui surplombe la ville.
Au retour, nous sommes tout d’abord allé visiter la magnifique cathédrale orthodoxe dont chaque pierre extérieure est ouvragée comme une dentelle minérale.
Ensuite, nous sommes allé au salon de thé d’un hôtel de la ville où nous avons pu parler travail pendant deux bonnes heures en dégustant une délicieuse glace.
Sur ce que nous avons dit durant cette longue discussion, je ne vous dirai pas grand chose sinon que nous avons imaginé les grandes lignes de plusieurs projets que nous allons essayer de construire dans les mois à venir. Certains assez faciles à mettre en œuvre, d’autres plus ambitieux qui demanderont plus d’efforts, mais tous exaltants pour l’avenir de notre coopération internationale. J’en parlerai plus longuement lorsque les choses auront avancé…